Mâcon était déserte, seul le vent rodait dans ses ruelles vides... Au loin, derrière les remparts un bruit de sabots au galop arriva sourd et ronflant. Quatre, cinq ? Peut être dix cavaliers se dirigeaient vers la ville... Certains seraient surpris, d'autres heureux, d'autres encore sentiraient leurs échines se glacer et leurs dents grincer... qui resterait indifférent demain après le passage de cette troupe de messagers?
Ils étaient tous de pourpre et de jaune vêtus, capes pourpres, harnais, heaumes, bottes et scelles jaunes. Sur les plastrons brillait brodé en fils d'argent un moulin barré d'un fleau et d'une fourche. Sur l'étendard qui flottait au vent en plus du moulin, une abeille en or sur une ruche en argent et quatre lettres en laine rouge R.U.S.E ...
Il se rendirent directement au centre de la ville et a l'ancienne adresse de la bonne fessée dont il ne restait rien sauf un monticule de terre retournée ils plantèrent leur étendard bien profond avant de se recueillir en silence... Leurs visages cachés par leurs visières les rendaient inquiétants. Hommes en armes priant au milieu de la ville sur un ancien lieu de débauche... voilà une drôlerie que seul l'ancien propriétaire des lieux bozz lui même aurait pu inventer... Cependant bozz avait disparut un jour d'octobre et une rumeur le disait bel et bien mort...
Celui qui semblait être le chef, rompit d'un geste la prière de la troupe et prit la parole :
Cassis ! Les parchemins !
Un jeune freluquet avec des habits et un équipement trop grand pour lui attrapa dans une des sacoches, qui pendait de son cheval, une poignée de parchemins qu'il tendit rapidement au chef...
Merci recrue Cassis ! Que la Ronde Unie de la Sérénité Eternelle te fasse danser !
Cassis sourit et lança :
Merci Sous commandant Mendes et que vive et sonnante soit votre boulasse !
Tous éclatèrent d'un seul rire qui résonna a travers la ville...
Mendes fit taire l'éclat d'un seul geste et déroula le parchemin avant de lancer d'une voix forte et claire :
Nous les Dignes du Moulin ! Paysans, artisans, citoyens, soldats, jeunes et vieux, femmes et hommes, faibles et forts, compagnons du defunt Bozz l'impudent et de sa compagne la Patronne, compagnons des rusés et des bienveillants, venons en ce jour en terre Macônaise annoncer que nous mettons nos forces a disposition des plus faibles, des plus démunis, des sans espoirs et ce dans tout le royaume de France !
Nous prêtons allégeance aux petits peuples de France contre les puissants et les iniques.
Nous déclarons officiellement que notre devise sera : "Rien pour nous ! Tout pour Tous !"
Nous déclarons que sous 90 jours a compter de cet appel de Macon nous aurons construit des refuges dans chaque ville de bourgogne pour les miséreux, les déshérités et les plus pauvres !
Nous déclarons être a la disposition de ceux qui en exprimeront le besoin et ouvrir les portes aux volontaires qui voudront rejoindre les rangs de nos armées de paix et de sérénité !
Nous déclarons présenter des maires altruistes et désintéressés dans tout le duché d'ici a 120 jours !
Nous déclarons vouloir être la source de l'abolition des privilèges et des iniquités et être les garants du partage et de la solidarité !
Nous déclarons vouloir de la boulasse pour les plus pauvres ! Et de la rigolade en taverne pour tous !
Nous déclarons ne rien vouloir pour nous mais Tout pour Tous !
Mendes replia le parchemin et fit signe aux hommes de placarder "l'appel de Macon" dans la ville... Il remonta sur son cheval en jetant un dernier regard a son étendards planté a l'endroit où avait été érigé la bonne fessé, jadis. Une petite larme vint embuer son œil, il ne lui laissa pas le temps de perler. Mendes filait déjà vers chalon en hurlant un : "Il n'y a de victoire que pour de juste causes !"