Pièce principale

Un pigeon aux ailes grises et blanches virevolta au-dessus de la maisonnette abandonnée de Jean et de Maeghane. Il tournoya au-dessus des champs de légumes récoltés par des inconnus, vit les fleurs qui envahissaient les allées autrefois bien entretenues et la pauvre barque neuve qui croupissait, appuyée sur les murs en attente de sa propriétaire. L'oiseau hésita un moment à se poser. Cet endroit lui semblait bien désert.

Atterissant sur le toit, il se lissa les pattes un moment, histoire de reprendre contenance. Un pigeon, c'est bien connu, possède une cervelle d'oiseau. On lui avait dit de porter le message à cet endroit... abandonné ou pas, il le porterait.

Un étage plus bas, le volatile trouva un seuil agréable, envahit par les mauvaises herbes, certes, mais qui ferait assurément l'affaire. Une lettre il y déposa. Une rose fanée y était accrochée.


Cher Jean.

Il ne faut pas que tu éprouves de la nostalgie suite à notre rupture. Cela était écrit. Nous avons passé de beaux moments et je t'en remercie. Maintenant, sois heureux et prospère, vis, aime, amuses-toi! La vie est trop courte pour les regrets...

Amitiés
Maeg

HRP/ Ce fut un plaisir de jouer avec toi, je te souhaite de poursuivre tes rêves!!

D'un solide coup de pied, Mae ouvrit la porte arrière de la petite maison. En bien triste état, la végétation l'avait envahie. Sur le pas de la porte, elle s'arrêta, le coeur serré. L'entrée principale avait été démolie, ainsi que tout les meubles à l'intérieur. Probablement des vandales...

Elle se dit qu'il ne servait à rien de revenir déterrer les morts. Une chambrette à l'étage de la taverne ferait aussi bien l'affaire. Ses deux champs l'occupaient bien assez sans qu'elle n'aie à entretenir une maison. En soupirant, elle cueiilit une rose sauvage qui grimpait le long du mur et s'en fut vers le lac, y noyer ses souvenirs.

La maison en ruine était envahie par les ronces, mais Maeghane passait à tous les jours devant. Le souvenir de l'incendie qui en avait ravagé les fondations, et fait exploser la réserve d'alcool de Jean rivalisait avec la nostalgique lassitude qui ne la laissait plus depuis son retour de son escapade chez les rusés.

L'échec de ses amours à répétition la maintenait dans un spleen incontournable. Jean, Bib, Aulibrius, Havok... chaque fois un petit morceau de coeur qui part avec...

Elle n'avait trouvé autre moyen de survivre que de se réfugier dans la solitude et le travail. Et s'accommodait bien de cet état, pourvu qu'elle aidait le village et faisait travailler les gens à bon salaire. Elle avait aménagé une petite chambre dans son moulin... celui que Thehavok lui avait légué. Elle ne voyait presque plus personne, entre ses champs et sa meule qui devait lui apporter prospérité monétaire et lui donner le droit d'accéder à l'université, un rêve de jeunesse...

Mais il y a peu...elle avait reçu une étrange lettre.

Jean, son premier amour... Jean qui faisait encore battre son coeur malgré cette disparition mystérieuse. Il lui avait écrit. Depuis cette lettre, Maeghane vivait dans un état second, à mi-chemin entre les souvenirs et le rêve. Les gestes machinaux du quotidien lui permettait de garder la tête hors de l'eau et ne pas sombrer...ou pire.

Elle n'était plus que l'ombre d'elle même.

Fébrile depuis sa rencontre avec Jean, Maeghane tournait et retournait sans cesse ce nouveau nom dans sa tête...Caliko... Bonfort était mort, elle ne savait pas encore pourquoi...mais Jean lui était revenu et...la vie ne serait plus jamais pareille!!

Une soirée retrouvaille plus tard ...Maeghane avait déja envie de prendre la vie à bras le corps, il lui poussait des ailes. La nuit a discuter avec son amour retrouvé l'avait réveillée de son long sommeil. Ils avaient passé la nuit debout a ressasser leurs souvenirs.

Cette vieille maison qu'ils avaient habités ensemble...maintenant à moitié démolie, incendiée par un pyromane et envahie par les ronces... Il lui avait dit qu'il la rebâtirait. Il avait tellement de projets que Maeghane ne savait pas s'il les mènerait à bon port en une seule vie.

Ce soir encore, elle l'attendait devant la petite maison dans la prairie... leurs pas se rendraient jusqu'en taverne où ils boieraient une bonne bière pour que son rêve se poursuive...

Ils avaient dormit au moulin, enlacés comme aux premiers jours, mais tombant de sommeil aussitôt leur tête tombant sur l'oreiller. Bercée par des rêves doucereux, Maeghane s'était éveillée alors que le soleil était déjà haut dans le ciel, étonnée de ne pas l'avoir fait plus tôt.

Sans doute que la seule présence de Jean apaisait ses doutes, l'aidant à dormir et lui faisant perdre la notion du temps. Elle passa machinalement sa main sur le drap vide à côté d'elle en se demandant où il avait bien pu passer. Elle se souvint de ses projets de remettre la vieille maison en état et se hâta de prendre chemin. Elle avait prit soin d'emporter avec elle un goûter composé de fruits, de pain et de fromage. Dès qu'elle l'aperçut, elle eut un sursaut de bonheur et lui envoya la main en criant son nom : CAALLIKKOO!!!

Il arrachait les mauvaises herbes avec énergie, sous un soleil de plomb. Elle approcha et lui secoua un chapeau de paille sous le nez, tout en l'embrassant.

- Tiens! je t'ai apporté cela! Et du vin et un goûter... Tu veux bien arrêter ton labeur un peu? Et partager tout ca avec moi?

- Tu avais réellement l'intention de réparer notre vieille maison alors? Il faudra des écus sonnants pour les matériaux.. je peux les avancer. Mon moulin me donne un peu de profit.

Jean était occupé au champs lorsqu'il entendit sa douce Maeg l'appeler, elle lui fessait de grands signes les bras chargé de victuailles, il se redressa, lui souris et lui fit signe...

- Quelle bonne idée, je suis épuisé et ait surtout la gorge bien sèche... Allons nous installé à l'ombre de ce grand chêne, le soleil est fort haut aujourd'hui...

Jean emmena Maeg par la main à travers champs, jusqu'au pied du vieil arbre centenaire, s'allongea aux côtés de sa douce, ils restèrent ainsi un long moment à rire, discuter, vivre...

- Tu sais ton aide m'est vraiment précieuse, car effectivement il va falloir bien plus que mes pauvres petites forces pour rebâtir cette belle maison...

Il lui sourit et l'embrassa tendrement...

La promenade les mit en appétit, mais le goûter emporté par Maeghane n'était pas en cause. Jean regardait sa douce amie avec gourmandise, tout en discutant de tout et de rien. Comme il faisait bon de ne plus douter des choses, se disait Maeghane.

Elle versa deux bonnes rasades de vin qu'ils buvèrent, le sourire au lèvres et l'amour dans le coeur. Plusieurs baisers échangés plus tard..et la bouteille déjà bien bue, ils riaient maintenant d'une si belle humeur que Jean avait du mal à se séparer de son aimante sur le moment. Elle lui offrit de rester encore quelques heures, avant de repartir pour le moulin où la farine n'était pas encore moulue.

La chapeau sur la tête blonde de Caliko, un fichu sur celle de la meunière-maraîchère, ils travaillèrent côte à côte tout le long du jour, récompensant leurs efforts de doux baisers à intervalle régulier. Pour un peu et ils se seraient roulés dans l'herbe, histoire d'assouvir leur passion re-naissante. Au lieu de cela, ils réussirent a force de bras , de désherber la presque totalité des alentours de la ruine noirâtre qu'était devenue leur ancienne maison.

Déception pour Jean que ne s'attendait pas à pareille catatrophe. Qu'allaient-il sauver de cette épave? Éreintés par le travail, leurs deux corps rompus de fatigue se fondirent l'un dans l'autre et ils se tombèrent dans les bras en soupirant tristement.

- Demain sera un autre jour, mon coeur, dit Maeg avec assurance. Tout se reconstruit à force de persévérance..n'en est-il pas pour preuve notre amour?? Laissons cette ruine pour la nuit et profitons du crépuscule pour aller nous promener sur les abords du lac... le temps y est doux..nous feront des projets d'avenir! Tu es d'accord?

Une fois de plus, la sagesse positive de la jeune femme pointait son joli nez devant la désepérance. Avec Jean, elle aurait soulevé des montagnes!

Les semaines avançaient lentement, à la manière de Mâcon...sans que rien ne vienne troubler le cours des choses. Cette inertie avait au moins l'avantage de ne pas troubler le repos des bonnes âmes mâconnaises. Elles pouvaient vaquer à leurs occupations sans se faire déranger outre mesure.

Les rénovations de leur ancienne demeure allaient bon train, Jean s'y échinait durant tous ses temps libres, aidé par Maeghane, du mieux qu'elle pouvait. Il s'avérait que la jeune meunière avait des idées originales qui facilitait le travail de son amoureux de menuisier. Comme lorsqu'elle suggéra qu'il monte un des murs à reconstruire sur le sol avant de le hisser debout à l'aide d'un cable et de la force d'une poulie.

Le petit boisé situé sur les terres de Maeghane suffisait pour le moment à leur fournir les planches de bois nécessaires. Et le petit pécule qu'elle avait amassé lui permettait d'acheter pour la reconstruction le matériel qui leur manquait.

Chaque soir était un temps sacré pour eux. Les longues marches autour du lac ou les rendez-vous donnés en taverne clotûraient des journées bien remplies. Ces moments de répit fortifiait leur amour. Ils leur permettaient aussi d'exprimer autrement leur attachement l'un envers l'autre.

Il vint un soir où, fourbu d'avoir travaillé dur, ils regardèrent leur ouvrage presque terminé. Un long baiser exprima leur satisfaction du travail bien fait. Les quatres murs étaient presque finalisés. Restait le toit, pas une mince affaire. La petite maison avait un petit air de déja vu, et à la fois possédait des ajouts qui la rendait différente. Maeghane était fière de son homme. Des semaines de travail acharné avait abouti à une réalisation des plus agréables a la vue. Restait les petits détails, comme les volets, les portes et les fenêtres...

Ce soir là, ils dormirent à la belle étoile, au centre de ce qui allait être leur nouveau petit nid d'amour.

Une semaine de plus venait de s'écouler...

La maison avançait à grand pas, Jean avec l'aide de Maeghane avait enfin réussi à poser la charpente, ils allaient enfin avoir un toit pour la nuit, même s'il était vrai qu'il gardais un fort joli souvenir de ces belles soirées éclairaient par les milliers d'étoiles...

Que Mâcon était calme ces derniers temps... les départs de Spb et surtout celui définitif de Nikita affectèrent un peu son morale... heureusement Maegh était toujours là à ces côtés... elle savait toujours le faire rire, vivre...

La maison avançait à grand pas, la toiture et le toit était enfin terminé, les portes et fenêtres également, il ne restait plus qu'à poser tout ça, ensuite Jean s'attaquerait aux meubles, mobilier etc...

Jean était confiant, souriant désormais, voyant enfin l'horizon s'ouvrir, il allait bientôt avoir son champ, la maison n'était plus qu'une "petite" question de dernières finitions, et il commençait à reprendre goût dans la vie politique de Mâcon, il était devenu parrain et comptait s'y investir à 200%...

Avec Maeg tout allait pour le mieux, malgré le peu de temps passé en taverne, il mettait un point d'honneur à la réconforter autant que possible durant ces quelques heures, il l'aimait, plus que tout...

Il y eut aussi encore des départs cette semaine... Jasminn, une amie de passage était repartie bien vite... que le temps passait vite, mais qu'il était agréable lors des moments passé aux côtés de sa tendre et douce compagne...

La vie était douce, certes..et Maeghane remerciait le ciel à tous les jours d'avoir fait revenir Jean à ses côtés. Leur maison les abritaient déjà, sous les travaux herculéens de son homme au grand coeur. Car sa patience et sa ténacité valaient tous les baisers du monde.

Maeghane s'en voulait, bien sûr, de travailler autant. Elle avait entreprit de réaménager son moulin pour y produire une plus grande quantité de farine, très en demande à Mâcon, surtout à prix raisonnable! Cela prenait du temps et encore du temps, car cela coincidait avec les travaux entrepris par Jean.

Le soir venu, ils se retrouvaient dans les bras de l'autre, amoureusement enlacés, à refaire le monde et à se raconter leur journée. Les jours coulaient, tranquillement, sans histoire ou presque...

Un soir, Maeghane entama la conversation sur un sujet qui lui brûlait la langue depuis que Breiz avait accouché du plus mignon rouquin des Royaumes.

- Caliko? Tu veux des enfants...enfin je veux dire... Tu aimerais que nous en ayions?