Dame Jenah avait depuis quelques temps un faible état de santé, déjà il y a maintenant une quinzaine de jour elle avait dû aller au couvent. Ces jours-ci elle se sentait de plus en plus mal, les vertiges revenaient comme le jour sur la nuit, une douleur harassante dans son crâne la relançait tantôt, elle avait essayé quelques potions d’herboristes mais sans grands résultats. Elle se levait tôt tous les jours, dès l’aurore admirant les jeux de lumière sur le lac. Elle se mettait au travail dans son échoppe, elle devait alimenter son four portant les stères, un travail bien fatiguant.
Heureusement qu’une nourrice avait été engagée pour s’occuper de Célia de temps à autre, ce qui permettait à la maman un peu de repos mérité. Mais Célia aimait à se promener avec sa mère dans la ville, elle adorait ses moments où Jenah lui faisait découvrir tous les recoins de Mâcon et la mère elle n’arrivait à refuser à cet ange qui la regardait d’un tendre regard de telles sorties. Jenah était de plus en plus fatiguée et son état de santé ne s’améliorait point.
Ce matin elle décide de faire une tourte au pigeon, comme elle en a déjà fait, lui rappelant un ancien ami, disparu bien loin du duché bourguignon. Elle se met à tout préparer, pâte, et pigeon…mais déjà un vertige vient brouiller ses jambes, la dame de Châtillon s’assoie alors, elle ne sais si elle arrivera à se relever tant elle est incertaine de la force de ses mollets. Elle plonge son regard dans le verre qui est devant elle, ses yeux fixent l’eau comme une échappatoire, son esprit se transporte elle rêve du passé, de ce passé à Mâcon, de toute cette vie bien emplie. Une larme perle à ses yeux, ni triste ni joyeuse, mais lourde, saturée de souvenirs, elle dévale sa joue puis glisse dans le vide, s’écrasant soudainement sur le bois de la table.
Jenah d’un geste de la main essuie une seconde larme qui s’apprêtait à rouler le long de son visage, elle soupire puis sentant à nouveau de la force en elle, se relève, termine son plat, l’enfourne, avant de monter les escaliers vers la chambre. Elle bourrerait son baluchon, et irait quelques jours au couvent retrouver la santé, se reposer, consulter des médecins, herboristes où autres savants. Célia viendrait avec elle et trouverait bien la bas quelques activités pour s’occuper.