CHAMBRE de FUFU, vue sur le Lac

L'inquiètude ne l'avait point quittée, jusqu'au moment où elle l'avait revue, mais elle faisait confiance en sa fille , en sa force, digne prêtresse d'un ailleurs empli d'étoiles , et de soleils
Sa fille, démon parmi les anges, ange parmi les démons
Trouvant à chaque instant le mot qui guérit des maux, trouvant les maux là où ils se cachent pour les combattre, les cachant par les rires, les facéties ou les jeux de mots
Sa fille, c'était à la fois la terre et le ciel, la terre et l'onde
Toujours présente et attachante. Un seul jour sans elle c'est jour sans soleil
Elle aime le soleil , et s'il pleut , c'est que "le ciel rit aux larmes" .
( Fufu ne voudrait pas qu'elle dise "Dame" )
Romance ne pouvait que s'incliner humblement devant une telle Damoiselle, fille du vent , ici et là, prodigant mille attentions à l'un et à l'autre
Même si c'est difficile, il faut juste essayer
belle leçon d'humilité, belle leçon tout court
Et d'un simple murmure donner l'élan qui nous pousse en avant
Il est des rencontres que l'on se doit de bénir le ciel ou ce en quoi on croit



Romance sortit de ses réflexions et alla voir le jeune Nath

Jenah qui guettait le départ de Fufu , entre dans la maison, elle se dirigea dans la chambre de celle-ci et y pénétra.
Elle y vit son chapeau qui tronait au milieu de quelques autres, elle le tint dans ses mains le pauvre avait un trou, elle le remit en place elle n'était pas venu pour cela elle avait accepté de laisser le chapeau à la jeune chipie.
Elle déposa un cadeau sur le lit et un petit mot, puis elle parti aussi discretement qu'elle était entrée.

Citation :

Voici pour toit ma chère Fufu, un joli chapeau rouge, il te rapellera peut etre le mien...ça t'en fera un de plus dans ta collections...

Grosses bises,
La dame de Châtillon comme tu dis.

Fufu s’activait depuis quelques heures déjà.
Mains et visage noircis, elle s’était enfermée à double tour dans sa chambre,
surveillant que Nath ne viennent pas jouer les curieux et n’essaie de la détourner de ses projets.
Hier encore, Romance lui avait confirmé son autorisation pour mener à bien ses expériences,
aussi, forte de l’accord de sa mère, elle s’activait depuis le petit matin.

Quelques jours auparavant, elle avait fureté à la bibliothèque dans de vieux grimoires à la couverture de cuir
et au bout de plusieurs heures y avait enfin découvert ce qu’elle cherchait.
Munie d’une plume et d’un parchemin, elle avait soigneusement recopié la formule qui l’intéressait.
Les quantités des différents composants différaient en fonction de l’utilisation. Elle retint :

15 % de charbon, 10 % de soufre, 75 % de salpêtre.

- Huoyao ou « drogue à feu », lut-elle. Jamais elle n’avait paru aussi concentrée.
Elle avait poursuivi sa lecture.

- Le charbon de bois provient du bois d'arbres tels que le peuplier, l'aulne ou le tilleul et, par distillation on obtient du charbon noir (poudre de guerre).

Elle sourit, bon, cela ne lui sembla pas si difficile.
Messire Askavian les avait initiés à l’art de la distillation, et bien que moins bonne élève que sa mère,
elle s’en sortait toutefois honorablement, assez pour pratiquer une distillation.

Elle savait où obtenir du salpêtre. Les murs de la cave du château de Chaos lui fourniraient tout ce dont elle avait besoin.
Le givre des murs en recouvrait toute la partie basse.
Ne lui manquait donc plus que le soufre.

Elle chercha dans un livre comment se présentait cette substance dont elle avait toutefois entendu parler dans les sermons de son ami le Père Muriane.

- « L’enfer sentait le soufre », se souvenait-elle l’avoir entendu énoncer.

- Bon voyons ce que je peux trouver dans les placards de la salle de cours.
Enfin elle trouva ce qu’elle cherchait :



- Bon pour le charbon ça ira tout à l’heure j’irai brûler aulne, tilleul et peuplier.

Ainsi fut fait et ....

.... forte de tous les composants, la partie délicate allait maintenant commencer…..

Enfin elle fut satisfaite : elle avait maintenant tout ce qui lui fallait.





Pas très sure du résultat qu'elle allait obtenir mais toujours déterminée
à mener à bien son projet, elle commença à remplir plusieurs tubes de poudre
puis elle enfonça dans chacun un bout de corde trempée dans le l'huile.

- Mumm

Elle fronça les sourcils : la mèche lui sembla bien courte, il lui faudrait le temps de
se mettre à l'abri, on ne savait jamais ce qui pouvait advenir.
Elle referma ses tubes à l'aide d'une boule de chanvre, et sourit.

- Cette fois, j'y suis... Pourvu que ça marche !

Lorsque qu'elle rentra ce soir là, elle s'aperçut qu'il était impossible de
dormir dans cette chambre. L'odeur de poudre était insoutenable.
Elle se maudit de n'avoir pas songé à ouvrir la fenêtre avant de partir.
Demain il lui faudrait nettoyer sa chambre de fond en comble mais pour l'heure elle se contenta
d'aèrer la pièce et sortit, fort heureusement elle savait où passer la nuit :
sa résidence secondaire l'attendait ce soir, elle passa à l'écurie sceller Shamal et disparut dans l'ombre.

Trop tard pour partir dormir à Cosne, elle n'allait pas ameuter tout le quartier.
Bah ce soir elle dormirait dans sa chambre
Elle ne riquait rien, Il était toujours là.... et puis le fou à la hache était resté en taverne,
elle pouvait donc dormir tranquille.

Après toutes ces nuits sans somme, elle s'endormit, souriant dans son sommeil,
rêvant d'ânes qui parcouraient 900 km à raison de .....

Noname se posa sur le rebord de la fenêtre de la chambre.
De son bec il tira sur le parchemin qui se détacha de sa patte.
Bien entendu les volets de la maison bleue étaient fermés mais par une fente il glissa le feuillet qu'il entendit tomber au sol.
Fier de sa trouvaille il poursuivit sa mission, tout en se demandant pourquoi sa maitresse s'écrivait ???
Mais à quoi bon chercher à démêler ce qui animait les humains.....

Citation :

Quelle surprenante pensée envahit soudain mon esprit et me pousse à envoyer Noname à Mâcon,
dans la maison des jours heureux, je ne saurais le dire ...
Peut-être simplement suis-je encore à la recherche des jours heureux et qu'inconsciemment,
je retourne à la source, même si je la sais tarie.
On dit que le temps efface les blessures… pourtant plus le temps passe et plus ces jours enfuis pèsent sur mon âme,
et il est d'étrange soir où, couchée sur la plage, je sens encore l’odeur de la cire
dont ma mère nourrissait le bois des meubles de ma chambre. Ces meubles façonnés par mon père…
Et je sais aujourd’hui, que même si je ne pourrais jamais plus vivre ici, je ne serai jamais d’ailleurs.
Alors c’est décidé, c’est ici, entre ces murs, que je viendrais désormais déposer mes mots et mes maux,
mes rires et mes larmes, mes farces et mes armes,
mon amour et ma tendresse pour ma mère.

Il n'est pire poison que celui de l'absence
Quand l'esprit imagine ce qui aurait pu être
Des tonnes d'affection qu'on réduit au silence
Un vide si intense impossible à admettre

La raison vacillante qui n'anticipe plus
Et le coeur encerclé d'un voile de froideur
Se languir d'un présent à jamais révolu
Sans parvenir à taire le poids de la douleur

Est-ce donc égoïsme que de vouloir toujours
Que tu sois près de moi à l'aube de mes jours
Ne veux point t'enfermer en murs de mes prisons
Juste que ta présence m'apporte guérison

Parfois mon coeur s'apaise si chargé de tendresse
Qui chassent pour un temps de mes yeux la tristesse
Puis reviennent par vagues mes angoisses, mes doutes
Je rêve d'un retour tempérant mes déroutes

Romance s'était éveillée au chant de Fufu et sourit
la boulangerie allait être menée de main de maître. Cette fois, la retraite totale pour moi La roue tourne, et le lac est toujours là !

Elle finit par se lever. Il fallait qu'elle voit Fufu au travail . Direction la boulangerie, et goûter de ses premières fournées. Mais pourquoi avait elle si froid ? Son coeur se serra , une image de l'hiver dernier lui traversa les pensées
- la boulangerie, Fufu, je vais me rechauffer là bas , c'est sûr
Fufu pourrait faire des pains en forme d'étoile
Avant de gagner la ruelle des boulangers, Romance déposa un petit présent sur le bureau de la chambre de Fufu

Spoiler:

un petit parchemin incrusté de pétales de fleurs était glissé sous le paquet:

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